Adaptation et tolérance à la réalité virtuelle en fonction de l’âge

Marie-Philippine Séba

Laboratoire I3SP – Institut des Sciences du Sport Santé de Paris (URP 3625)

marie-philippine.seba@u-paris.fr

 

Marie-Philippine SEBA a été lauréate du dernier congrès de l’ACAPS. A ce titre, elle a rédigé un résumé de sa recherche primée pour le blog de l’ACAPS.

 

Auteurs de la communication : Marie-Philippine Séba, Pauline Maillot, Sylvain Hanneton, Gilles Dietrich & Bernard Andrieu (Université de Paris, Laboratoire I3SP)

 

Résumé de mes recherches :

 

C’est assez naturellement que mes recherches de jeune chercheuse se sont portées sur l’étude des effets de l’âge sur la tolérance et l’adaptation aux dispositifs de réalité virtuelle. L’étude du vieillissement est au cœur de mes recherches. Avec l’âge, on observe entre autres l’apparition d’un déclin cognitif, sensoriel et moteur. Pour expliquer ces phénomènes, plusieurs modèles explicatifs du vieillissement ont émergé depuis les années 1990, en passant du modèle lésionnel au modèle de limitation des ressources ou encore par le modèle STAC (Scaffolding Theory of Aging and Cognition, Park & Reuter-Lorenz, 2009). Ces modèles s’accompagnent souvent d’hypothèses reflétant les capacités d’adaptation et de compensation dont est capable le corps humain avec le vieillissement. Par exemple, l’hypothèse de la réserve cognitive suppose que le vieillissement peut être modulé et stimulé par plusieurs facteurs comme le niveau d’étude. La cognition est aussi affectée par la détérioration des systèmes sensoriel et moteur avec l’âge. Les échanges d’informations sont plus lents et de moins bonne qualité (par exemple, diminution de la densité des mécanorécepteurs plantaires ; Lord, Delbaere & Sturnieks, 2018). En effet, plusieurs études ont montré une augmentation des temps de réaction et de mouvement avec l’âge. Ce temps de réaction est le reflet d’un vieillissement du système nerveux central engendrant un ralentissement dans la vitesse de traitement des informations (Light, 1990 ; Salthouse, 1991). Le fonctionnement coordonné entre les systèmes cognitif, sensoriel et moteur se complexifie et devient moins efficient avec l’âge, ce qui peut par exemple, augmenter le risque de chute. Pour stimuler la personne âgée pathologique ou non, l’utilisation des dispositifs de Réalité Virtuelle (RV) a été mise en place et renforcée ces dernières années. Les dispositifs de RV et spécifiquement les visiocasques connaissent un engouement particulier en raison des améliorations technologiques dont ils ont récemment bénéficié. L’utilisation de ces visiocasques a démontré son efficacité à différents niveaux et notamment dans le cadre des réadaptations cognitives et motrices. Concernant le sujet âgé, la RV pourrait offrir des possibilités de stimulations nouvelles et difficilement réalisables en condition réelle, par exemple pour stimuler les réactions posturales du sujet en diminuant sa peur de chuter, et cela dans des conditions sécurisées. C’est au regard des connaissances actuelles sur le vieillissement, mais aussi de l’appropriation des technologies de la réalité virtuelle pour la réadaptation des personnes âgées que ma question de recherche est la suivante : « L’âge a-t-il un effet sur la tolérance et l’adaptation aux dispositifs de réalité virtuelle ? ». Ma première hypothèse de recherche est que la résolution de conflits sensoriels est plus longue et moins efficiente avec l’âge ce qui engendre une moins bonne tolérance lors d’une exposition répétée à un environnement virtuel. Ma seconde hypothèse de recherche est que les personnes âgées sont capables d’utiliser des mécanismes de compensation et d’adaptation lors d’une exposition répétée à un environnement virtuel. Cette stimulation des systèmes sensoriel, moteur et cognitif par les dispositifs de réalité virtuelle pourrait ralentir ou palier certains effets du vieillissement. L’apport des dispositifs de réalité virtuelle dans l’environnement de la personne âgée pourrait être considéré comme un enrichissement environnemental. Mes recherches sont axées sur le sujet âgé et sa façon de réagir lorsqu’il est immergé et qu’il interagit dans un environnement virtuel. Mes travaux s’intéressent donc aux capacités d’adaptation qu’ont la possibilité de développer les personnes vieillissantes lors d’exposition à des environnements virtuels. Cela dans le but de les stimuler physiquement et cognitivement pour par exemple les aider à diminuer leur risque de chute dans la vie quotidienne. Dans ma première expérience, les personnes ont été exposé à un environnement virtuel à l’aide d’un casque de réalité virtuelle. A partir d’expositions répétées à des environnements virtuels que nous avons conçus, des mesures à la fois subjectives et objectives ont été relevées. Entre autres, la cybercinétose, soit le mal de la réalité virtuelle, a été mesurée chez les participants. Les degrés d’immersion, d’interaction (Slater et Wilbur, 1997) et de présence (Witmer & Singer, 1998) modulent aussi la qualité de l’exposition aux environnements virtuels. Enfin diverses mesures du centre des pressions ont été analysées (mesures linéaires et non linéaires) à l’aide d’une plateforme de force. Ces différentes mesures contribuent aussi à enrichir les théories sur la cybercinétose comme la théorie des conflits sensoriels (Harm, 2002) ou la théorie de l’instabilité posturale (Riccio & Stoffregen, 1991) au regard du vieillissement. Au niveau postural, les premiers résultats montrent que les personnes les âgées réagissent plus fortement à des translations avant et arrière que les plus jeunes. Mais avec la répétition aux expositions, les personnes âgées s’adaptent aux translations.

 

Mots clés : Vieillissement, réalité virtuelle, tolérance, adaptation, posture

 

Références :

Fuchs, P. (2016). Les casques de réalité virtuelle et de jeux vidéo. Presses des Mines-Transvalor.

Lord, S. R., Delbaere, K., & Sturnieks, D. L. (2018). Aging. Handbook of clinical neurology159, 157–171. https://doi.org/10.1016/B978-0-444-63916-5.00010-0

Charte de recommandation sur l’usage de la Réalité Virtuelle – octobre 2019 – Rev août 2020

(Disponible à ce lien : https://www.vr-connection.com/comite-dethique-vr/charte-de-recommandations/)

 

 

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Biographie rapide :

Mon intérêt pour la santé m’a d’abord conduit à m’inscrire en licence STAPS APA-S (Activités Physiques Adaptées – Santé), puis en master VHMA (Vieillissement et Handicap : Mouvement et Adaptation). C’est au cours de mon stage de recherche au sein du laboratoire I3SP que j’ai pu allier mon intérêt pour le domaine de la santé et des nouvelles technologies. C’est ainsi que j’ai commencé à étudier le vieillissement et les dispositifs de réalité virtuelle pour continuer en doctorat.